La Maladie d'Alzheimer.

Comment la maladie d'Alzheimer amène-t-elle à une perte d'identité ?

III Le diagnostic et les traitements de la maladie d’Alzheimer



1°)
Le Diagnostic :





Les symptômes de la maladie d'Alzheimer peuvent ressembler aux symptômes d'autres affections comme la dépression, ou d’autres démences comme la maladie de Parkinson. C’est pourquoi il est important de poser un diagnostic précis affin d’obtenir les soins, traitements et soutient appropriés ainsi que planifier l’avenir.



A°) Un diagnostic probable ou incertain :



Établir un diagnostic reste à l’heure actuelle encore épineux, car il n’existe pas de test spécifique stigmatisant précisément la maladie. Seule une autopsie du cerveau peut prouver avec certitude la présence de la maladie. Il s’agit donc en fait d’étudier les symptômes, pour éliminer les autres affections qui pourraient les causer. Les antécédents médicaux sont pris en compte pour éliminer d’autres pathologies possibles. L'historique familial est observé. En effet, avoir un parent atteint d’Alzheimer accroît la probabilité de développer la maladie. Tous ces indices permettent d’établir une suspicion d’atteinte de la maladie sûre à 90 %. Le diagnostic est donc le résultat d’une combinaison de signes cliniques, de tests neuropsychologiques et de signes radiologiques.




B°) Les tests neuropsychologiques et neuro-psychométriques :



Plusieurs tests neuropsychologiques existent à l’heure actuelle pour évaluer les fonctions cognitives du patient. On évalue la mémoire, le raisonnement, les capacités d’orientation dans le temps et l’espace ainsi que le langage. Le test préalable le plus répandu est le « mini mental state evolution » ou test de Folstein, constitué de 18 questions et tâches. (cliquez sur le lien pour accéder au test.)


Pour l’évaluation de perte de la mémoire, le test des 5 mots de Dubois ou le test de l’horloge sont également pratiqués.

Les tests neuro-psychométriques, sont réalisés par des spécialistes. Ils permettent d’approfondir les tests neuropsychologiques et d’établir le diagnostic de démence. Les tests de Grober et Buschke, qui testent la mémoire récente, le test de la figure de Rey, pour la mémoire visuelle, ou encore le DO80, qui évalue les capacités de langage sont soumis au patient.

Mais cest tests ne sont pas suffisants, on procède alors à des test biologiques et radiologiques.



C°) Les teste biologiques et radiologiques :



Des examens de sang et d’urines sont réalisés pour écarter d’autres pathologies mais aussi pour cerner les maladies aggravantes pour le patient. On recherche entre autres des signes d’anémie, de diabète ou de troubles thyroïdiens.

Un IRM ou un scanner peuvent être réalisés pour écarter d’autres accidents qui pourraient causer les troubles, tels que des accidents vasculaires cérébraux ou une tumeur. Mais aussi pour démontrer des lésions dans les régions hippocampiques, symptomatiques de la maladie. Sur l’IRM ou scanner d’un individu touché par l’Alzheimer, l’atrophie du cerveau est parfois frappante.




D°) Dans l’avenir :



A l’heure actuelle, même si tous ces tests ne sont pas infaillibles, ils offrent une possibilité de diagnostic relativement efficace de la maladie d’Alzheimer. Mais ils ne sont efficients qu’à partir du moment où il existe des symptômes. Or la maladie peut être présente bien avant l’apparition de ces signes.

L’objectif de la recherche est aujourd’hui de concevoir des tests biologiques qui permettraient un dépistage plus précoce de la maladie affin de ralentir au maximum les effets des troubles apparentés à l’Alzheimer.


2°) Traitements médicamenteux :


Même si aucun traitement ne peut à l’heure actuelle guérir et stopper le développement des lésions cérébrales et guérir la maladie d‘Alzheimer, un traitement médicamenteux permet de ralentir le processus et d’améliorer la qualité de vie du malade et de ses proches. Il existe deux familles de médicaments, les anticholinestérasiques et les antiglutamates.



A°) Les anticholinestérasiques :


Les anticholinestérasiques, aussi appelés inhibiteurs d’acétylcholinestérases, sont prescris pour des patient atteints d’une forme légère ou modérée de la maladie. Ils regroupent trois molécules différentes mais de même efficacités :
Aricept®, molécule de Donépézil, laboratoire Eisai.
Reminyl®, molécule de Galantamine ( Bromhydrate de galantamine à libération prolongée ), laboratoire Janssen Cilag.
Exelon® , molécule de Rivastigmine, laboratoire Novartis.





Dans la maladie d’Alzheimer, les cellules nerveuses se détériorent progressivement, surtout celles produisant de l’acétylcholine ( substance importante pour la mémoire ). Les spécialistes ont montrés qu’il existe une baisse de la concentration d’acétylcholine dans le cerveau, qui est donc en quantité insuffisante à la jonction des cellules nerveuses pour pouvoir transmettre le message à la cellule nerveuse suivante. Le rôle des anticholinestérasiques est donc de diminuer l’activité de l’enzyme dégradant l’acétylcholine, l’acétylcholinestérase, et de rendre les récepteurs plus susceptibles de réagir à une quantité réduite d‘acétylcholine. Ces traitements ont prouvés leur efficacité par une amélioration initial des facultés cognitives, y compris la mémoire et le langage. La prescription d’anticholinestérasiques est faite par un médecin spécialiste, neurologue ou psychiatre, après que le diagnostic est été posé. La prise d’un des trois médicaments existant diverge selon le patient qui supportera mieux un traitement qu’un autre. Il existe quelques effets indésirables comme des nausées, diarrhée, crampes musculaires, fatigue ou encore une perte d’appétit qui surviennent essentiellement en début de traitement ou lors d’une augmentation de dose.







B°) Les antiglutamates :


Cette classe thérapeutique, apparue en 2002, ne contient qu'un seul médicament : Ebixa®, molécule de Chlorhydrate de mémantine, du laboratoire Lundbeck. Il est indiqué chez les patients atteints d’une forme plus avancés, des stades modérément sévère à sévère de la maladie d'Alzheimer. Les antiglutamates, eux, visent à bloquer les récepteurs du glutamate, molécule responsable d'une excitation toxique du système nerveux. Ils ont pour effet de retarder la perte des fonctions cognitives allant parfois jusqu'à les améliorer chez certains patients. On note aussi des effets positifs sur les activités quotidiennes et les troubles du comportement. La mémantine est par ailleurs bien tolérée par les malades.
Ces médicaments peuvent être accompagnés d’un traitement médicamenteux dit symptomatique. C’est-à-dire que le médecin peut être amené à prescrire d’autres médicaments lorsque le patient présente certains troubles associés comme la dépression qui entraîne un prescription d’antidépresseur et la prise de neuroleptiques en cas de délires ou d’hallucinations.







3°) Traitements non médicamenteux :


Mémoire, langage ou encore mouvements, nombreuses sont les difficultés auxquelles sont confrontés les malades atteints d'Alzheimer. A la suite du diagnostic, plusieurs approches thérapeutiques sont mises en place. Adaptés à chaque patient, les traitements non médicamenteux complètent le traitement pharmaceutique et visent à stimuler les capacités restantes du patient. La stimulation agit sur les déficits de l’individu et permet de développer des stratégies pour pallier les difficultés. Ces interventions consistent à améliorer les fonctions cognitives, l’humeur, les troubles du comportement du patient, réduire le stress lié à la maladie, préserver le plus longtemps possible l’autonomie fonctionnelle (se nourrir, s’habiller, se laver, aller aux toilettes, se déplacer), préserver au maximum les liens et échanges sociaux, maintenir et améliorer la qualité de vie, ainsi que retarder le passage en institution. Ces traitements redonne une plus grande confiance en soi, restaure le sentiment d’identité et réduit la souffrance psychologique du malade et de sa famille. Voici les principales techniques utilisées :




A°) Stimulation cognitive, psycho cognitive :


- Rééducation de la mémoire avec des « ateliers mémoire » permettent au patient de mobiliser ses souvenirs restants.
- Rééducation du langage, grâce à l’orthophonie qui permet de faire travailler les fonctions cognitives liées à la communication, mémorisation des mots, langage, voix,
- Rééducation des compétences fonctionnelles grâce à l’ergothérapie qui intervient sur les gestes du quotidien afin de maintenir l'autonomie fonctionnelle,
- Approches psychosociales, psychothérapie, psychanalyse,
- Relaxation : Musique, massage, environnement,
- Activités occupationnelles et récréatives : Conversation, lecture, dessin, animal domestique, jeux, ateliers…

B°) Stimulation du comportement :

- Application de principes généraux et adoption de règles de vie pratique,
- Approche comportementale.

C°) Stimulation sensorielle et de l‘activité motrice :


- Sons (musique, chant), couleurs, lumière, arômes, massages.
- Danse, promenade, mouvements, gymnastique, kinésithérapie.


Ces exercices ne sont pas obligatoires, ils ne doivent pas mettre le patient en échec. Il est donc inutile, voire même nuisible de "forcer" le malade. Un suivi et des réévaluations régulières sont d'ailleurs nécessaires pour adapter la prise en charge à l'évolution de la maladie.





D°) Les traitements du futur :



L'idée de vacciner les patients atteints contre la maladie est assez jeune, elle a moins de dix ans. Pour autant, cette piste a été explorée avec attention par les chercheurs du monde entier. Le principe serait donc de détruire ou de prévenir la formation des dépôts de plaques amyloïde. Il a pu être démontré que l'injection d'un peptide, nommé Abéta, chez des souris atteintes de la maladie, provoquerait la disparition des plaques amyloïde. Les résultats étaient prometteurs chez l'homme (l'autopsie de personnes malades traitées avec ce peptide a montré que l'étendue des plaques amyloïdes s'était réduite), mais les essais cliniques ont dû être interrompus à cause de patients ayant présenté des signes de méningo-encéphalites. Théoriquement et comme chez les souris, le vaccin semble être efficace pour lutter contre toutes les formes de la maladie. Reste à attendre des essais cliniques probants pour entrevoir un espoir de lutter contre ce fléau et un jour guérir cette maladie …